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Une musique religieuse ?


Un langage nouveau ?


Notice "Les âmes perdues"


Notice "Comme une étoile ..."


Notice "La rose inaccessible"


Notice "Un peu plus d'élan .."


Notice "Plus près de l'infini"


Notice "Vers la simplicité"


Notice "Double concerto"


Ecouter

lecture    Les âmes perdues

 

lecture    Derrière l'ombre des douleurs

 

lecture    Le Tournoiement des songes

 

lecture    L'échelle de la beauté

 

lecture    A ciel ouvert

 

lecture    Voyage au gré des illusions

 

lecture    Double concerto

 

lecture    Comme une étoile du matin

 

lecture    La rose inaccessible

 

lecture    La colombe et le lys

 

lecture    Un peu plus d'élan et d'innocence

 

lecture    Les Noces d'Orphée

 

lecture    Trio clarinette, alto et piano

 

lecture    Behind the light

 

lecture    Eloge de la folie

 

lecture    Plus près de l'infini

 

lecture    L'oiseau d'éternité

 


Trois questions de
Aurélien Richard

Le silence
Les influences
Un langage nouveau ?

« Ecouter le silence » c’est le titre d’un cycle que tu as écrit pour le piano : que représente le silence pour toi ?

Un silence, dans une œuvre musicale, est toujours habité, habité de souvenirs, habité de l’attente de ce qui vient, ou simplement par une sensation de repos. Ecouter les silences, c’est inviter l’interprète à entrer dans son intériorité pour y trouver la vérité de ce qu’il est à ce moment donné, au moment où il n’est plus interprète mais lui-même celui qui écoute. Par ce repli sur soi, l’interprète accède à la véritable source de son inspiration ; ayant parcouru ce chemin, il a la possibilité de donner la pleine mesure de son talent d’interprète.
Tout autant qu’au silence, je m’intéresse aux franges du silence, à une écriture qui semble tracer des cercles autour de lui, des cercles qui s’éloignent ou se rapprochent, gardant une distance avec le silence comme pour ne pas le troubler. J’aime ainsi les mélodies accompagnées de silence, ou les notes espacées entre lesquelles se glisse le silence. On peut aussi s’approcher du silence par des notes très douces, à la limite du silence. Il faut une grande concentration de la part de l’interprète pour que le fil musical reste tendu même dans les silences ou les nuances très ténues. Sinon, celui qui écoute perd ce fil, se laisse distraire ou envahir par son bavardage intérieur.

Est-il important d’avoir des modèles, d’être influencé par d’autres compositeurs quand on écrit soi-même ? Quels sont ceux qui t’ont le plus influencé et pourquoi ?

Il est impossible de ne pas être influencé par d’autres compositeurs ; les exemples de compositeurs dont la musique serait surgie de nulle part n’existent quasiment pas. A partir du moment ou l’idée musicale est suffisamment forte, l’influence disparaît ou passe au second plan. Parfois, les auditeurs ne perçoivent que cette influence extérieure, qui leur donne un repère, et l’originalité de la musique n’apparaît que plus tard.
Il faudrait pouvoir distinguer l’influence au niveau des procédés d’écriture et une influence plus générale, qui serait le résultat d’affinités profondes. Il me semble être en affinité avec les recherches harmoniques de l’Ecole française moderne, à commencer par Fauré. Mais la musique de Fauré ne m’a pas jamais influencé au niveau du langage harmonique, sinon comme un encouragement à explorer toujours plus loin les possibilités modales du langage. Le contact avec des musiques comme le raga indien, la musique de la Renaissance, la musique répétitive, tout cela m’a poussé à concevoir tout à fait différemment la notion traditionnelle d’harmonie. Ce contact a été fécond parce que j’y étais prédisposé sur le plan philosophique et spirituel, si bien que l’idée d’une harmonie non évolutive, méditative, animée de l’intérieur par le tissu contrapuntique ou par des cycles d’accords répétés en boucle, est venu nourrir naturellement ma culture harmonique axée sur le raffinement du détail, la beauté des accords, l’expressivité des relations harmoniques.

Comment se débarrasser de ses influences pour créer un langage nouveau ? Mais, en fait, peut-être estimes-tu ne pas vouloir écrire quelque chose de neuf, ou de révolutionnaire ?

La question n’est pas d’écrire en effet un langage nouveau, mais un langage qui soit en accord avec soi-même. Car le langage importe peu : l’essentiel est dans la vérité émotionnelle d’une œuvre. Quand on regarde vers le passé, on se rend compte que la nouveauté n’est pas un critère de qualité, et il y a au XIXème siècle un grand nombre de compositions révolutionnaires qui n’intéressent plus personne. Pour le XXème siècle, on fera probablement le même constat.
On se débarrasse de ses influences par maturité. Certains parviennent très tôt à cette maturité, d’autres un peu plus tard. Un certain nombre d’influences restent sans doute perceptibles dans ma musique, mais je ne m’en soucie pas. Ce qui m’intéresse le plus, dans la composition, est tout à fait détaché des préoccupations d’écriture proprement dite, des questions de langage musical. J’ai largement étudié une grande partie des langages musicaux du XXème siècle, mais pour la composition, cela ne m’intéresse pas vraiment. Ce qui détermine mon parcours, et oriente de manière décisive l’évolution de mon écriture, relève davantage de l’influence de poètes, ou de maîtres spirituels.